AFRIQUE::POLITIQUE Afrique : LA PEAU DURE DES DICTATURES AFRICAINES

Publié le par metoukec.over-blog.com

     La dictature fait son petit bonhomme de chemin en Afrique. Ils sont légion les chefs d'Etats africains qui regardent avec beaucoup d'attention et même d’anxiété les mouvements sociaux en cours dans le monde arabe. Après la chute des dictateurs tunisien et égyptien, l'on a entendu dans plusieurs cercles du pouvoir en Afrique des voix s’élever pour dénoncer à cor et à cri les coups d'état de la rue. Ici et là, on prône, sans trop y croire, le respect des dispositions constitutionnelles qui prévoient les élections comme seul moyen d'accéder au pouvoir.

À entendre parler tous ces hypocrites, on leur donnerait le bon Dieu sans confession en se disant que voilà des hommes et femmes qui se découvrent, même sur le tard, les vertus de bons démocrates. Seul leur bilan en matière de respect de la démocratie dans leurs pays respectifs et des droits de l'homme vient souvent trahir leur vrai visage en matière de démocratie dans leur pays. En réalité, démocratie pour eux, rime avec autocratie. Il n’y a que des naïfs invétérés pour ne pas le savoir. C'est ainsi par exemple qu’au Cameroun, après chaque élection, le président de la république lui-même s'empresse souvent de reconnaître des dysfonctionnements dans le déroulement des opérations de vote. Mais à chaque fois, des dispositions sont prises à la veille de chaque scrutin pour que rien ne change : création de nouveaux organes chargés de l'organisation du scrutin, nomination des hommes de main pour diriger ces structures, création de toutes pièces des subterfuges pour empêcher le déroulement transparent des élections, j'en passe et des meilleures. Au bout du compte, c'est encore et toujours Paul Biya et ses complices du RDPC qui sortent vainqueurs des différentes mascarades électorales, prolongeant ainsi pour des années supplémentaires les souffrances des camerounais.

La solidarité des dictatures

Même si officiellement sur la question ivoirienne, l'on observe au sein des pouvoirs du Cameroun et de nombreuses dictatures africaines un certain mutisme, l'on peut aisément imaginer que le soutien sans ambages à Laurent Gbagbo ne fait l'ombre d'aucun doute. À titre d'illustration, quelques semaines avant les élections-présidentielles en République Centrafricaine, le dictateur François Bozize, au cours d'une interview accordée à la chaîne de télévision Africa 24 avait recommandé, à la surprise générale, une issue négociée à la crise ivoirienne. Pour le président sortant centrafricain, seule une négociation directe entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara permettrait de sortir la Côte d'Ivoire de la crise politique.

L'interviewé qui était lui-même en campagne électorale n’était pas sans savoir que c’est bien Alassane Ouattara, qui était sorti vainqueur des élections organisées quelques semaines plus tôt en Côte d'Ivoire. Mais puisqu'il s'apprêtait lui-même à organiser un hold-up électoral comme en Côte d'Ivoire, François Bozize n'a pas voulu être en contradiction avec lui-même, en vouant aux gémonies, comme la communauté internationale, son complice de circonstance Laurent Gbagbo. C'est ainsi qu'il faut aussi comprendre la position suspecte de l'Ouganda rendue publique par son président, Yoweri Museveni, qui a un mois des élections dans son pays, laissait entendre que la Côte d'Ivoire devait s'atteler au recomptages des votes et que l’on n’était vraiment pas si sûr de celui qui avait remporté les élections ivoiriennes.

Des voix dissonantes qui s’inscrivaient en faux contre la position de soutien a Alassane Ouattara prônée par l’UA. En écoutant ce grand responsable politique africain, d'aucuns avaient cru que le souci d'objectivité était la principale motivation de cette sortie médiatique. Aujourd'hui, il est possible de comprendre pourquoi le numéro un ougandais avait ainsi choisi le camp Gbagbo : L'homme vient d'être réélu dans son pays à une majorité on ne peut plus écrasante. Immédiatement, ses opposants ont beau crier a la fraude généralisée, rien n’y a fait. Aujourd’hui, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer leur lourde défaite.

Le mauvais exemple ivoirien qui laisse apparaître que le président sortant Laurent Gbagbo risque de céder son fauteuil n'est pas du goût des dictateurs centrafricains, ougandais et même camerounais.  Moralité : en Afrique lorsqu'un dictateur prend position sur une question brûlante d'actualité, il vaut mieux ne pas s’empresser à prendre des déclarations pour de l’argent comptant. Souvent, derrière des discours affriolants et lénifiants se cachent  l’insatiable désir de protéger ses intérêts égoïstes, mais aussi de rester le plus longtemps possible au pouvoir.</

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